"...Lys avait renchéri en disant "coup de grâce" et cette expression avait aussitôt résonné dans leurs oreilles et dans leurs coeurs comme une véritable révélation, même s'ils ne savaient pas encore ce qu'ils allaient en faire. Il y avait le mot "coup" et il y avait le mot "grâce" et c'était dans le même temps ce qu'on leur avait enseigné de la vie et l'idée qu'eux-mêmes s'en faisaient."
Trois nouvelles.
Trois tranches de vies ordinaires, tartinées de rêves et de promesses, englouties par la gueule béante du destin, qui vient bouleverser la routine des jours et des moments - apparemment - anodins.
Trois "Gnossiennes" qui nous disent les fêlures de l'enfance et de l'adolescence, la fragilité des êtres, leur impuissance, les espoirs souillés, l'union absurde du gâchis et de la grâce.
Un château délabré accueille une colonie de vacances et l'amitié entre deux garçons solitaires. L'un souffre-douleur, l'autre pygmalion protecteur. S'en suivent mort tragique, disparition inquiétante... Une sorte d'Harry, un ami qui vous veut du bien en culotte-courte.
Quatre ados, militants écolos, se rebaptisent de noms de fleurs et prennent une décision extrême : "je ne peux pas vivre sur une Terre irradiée".
Un footballeur en herbe, gamin d'une cité de Marseille, mesure la distance qui sépare le Stade Vélodrome de sa cellule, la chance du mauvais sort.
On retrouve dans ce court recueil l'écriture ciselée de Marcus Malte, déjà à l'oeuvre dans le fascinant Garden of love.
Elliptique, envoûtante, il nous joue en mode mineur sa petite musique des mots, légère et néammoins profonde.
Toute la nuit devant nous / Marcus Malte (Zulma, 2008)
PS : à noter que la troisième nouvelle, Le père à Francis, est déjà parue dans le recueil collectif Marseille, du noir dans le jaune (Autrement, 2001), aujourd'hui épuisé.