16 mars 2010
2
16
/03
/mars
/2010
00:00
Après Dérive sanglante et Casco Bay, voici le troisième volet des aventures de Stoney Calhoun. Et le dernier, après la disparition de William Tapply l'année dernière.
Si Stoney Calhoun n'a toujours pas recouvré la mémoire de son "ancienne vie" - il est amnésique depuis qu'il a été frappé par la foudre sept ans auparavant -, il vit toujours dans une cabane au fond du Maine avec Ralph, son épagneul, et partage toujours son temps entre la boutique de pêche, les soirées romantiques avec Kate et son boulot de shérif-adjoint.
C'est quand tout va bien que les ennuis arrivent, évidemment : l'agent immobilier annonce à Stoney que Kate et lui vont devoir plier bagages, le propriétaire ayant subitement décidé de vendre la boutique. Et dans la même journée, l'institut médical dans lequel est placé le mari de Kate, atteint de sclérose en plaques, l'informe qu'il ne va plus pouvoir le garder.
Le même soir, Calhoun reçoit la visite de l'énigmatique et désormais familier "Homme au costume", qui lui enjoint de se rendre dans le nord de l'Etat, près de la frontière canadienne, pour élucider le meurtre d'un "agent". Il lui fait comprendre qu'il n'a pas intérêt à refuser, auquel cas les ennuis s'accumuleraient...
Calhoun, engagé comme guide, débarque donc - ou plutôt amerrit - à Loon Lake Lodge, paradis des truites argentées et des pêcheurs qui le sont tout autant. Il s'aperçoit vite que la mort de l'agent, McNulty, est un sujet tabou parmi ses nouveaux collègues et les propriétaires du lodge. Mener une enquête sans poser de questions, ça risque de ne pas être simple ! Heureusement, les événements vont quelque peu s'accélérer.
Dark Tiger me laisse une impression mitigée, notamment à cause d'une intrigue assez mince et d'un dénouement quelque peu bâclé (quant au fin mot de l'histoire, en forme de bannière étoilée...). Tapply, se sachant malade, s'est-il empressé d'achever son roman sans pouvoir autant le travailler que les précédents ?
Peut-être, mais dans ce cas, pourquoi ne pas en révéler davantage sur le passé de Calhoun ? Cela dit, si c'est pour apprendre qu'il était un tueur sans scrupules animé par un patriotisme aveugle !
Côté intrigue, donc, on n'est pas vraiment ferré. Qu'est-ce qu'il reste ?
La majesté des lacs, les rites de la pêche, un coin de nature sauvage et le dépaysement.
Le personnage de Calhoun, qui au-delà et malgré ses supers talents d'ancien soldat d'élite (ou quelque chose dans le genre), vaut surtout pour sa vulnérabilité. D'un autre côté, on ne peut pas dire qu'on tremble véritablement pour lui dans cet épisode.
Et qu'en est-il du personnage de Kate ? Moins présente, et pour cause, la majeure partie du récit se déroule sans elle. Ce qui n'est pas un mal : je trouve que les échanges entre Calhoun et sa maîtresse ont tendance à "dégouliner" d'amour juvénile, ce qui peut vite s'avérer écoeurant...
A l'inverse, il y a un personnage qui prend davantage d'importance, celui du... chien, qui d'ailleurs (je vais être méchant) a, à mon sens, autant d'épaisseur que celui de Kate.
Tout ça est-t-il suffisant ? Oui, si on a déjà lu et apprécié cet auteur. On ne mord pas forcément à l'hameçon, mais on joue le jeu, on taquine nonchalamment le goujon, tout au long des 250 pages qui se lisent avec plaisir malgré tout (j'ai même trouvé l'écriture meilleure que dans Casco Bay).
Bref, pourvu qu'on connaisse déjà le coin, on appréciera la balade.
Dark Tiger / William G. Tapply (Dark Tiger, 2009, trad. de l'américain par François Happe. Gallmeister, 2010)

C'est quand tout va bien que les ennuis arrivent, évidemment : l'agent immobilier annonce à Stoney que Kate et lui vont devoir plier bagages, le propriétaire ayant subitement décidé de vendre la boutique. Et dans la même journée, l'institut médical dans lequel est placé le mari de Kate, atteint de sclérose en plaques, l'informe qu'il ne va plus pouvoir le garder.
Le même soir, Calhoun reçoit la visite de l'énigmatique et désormais familier "Homme au costume", qui lui enjoint de se rendre dans le nord de l'Etat, près de la frontière canadienne, pour élucider le meurtre d'un "agent". Il lui fait comprendre qu'il n'a pas intérêt à refuser, auquel cas les ennuis s'accumuleraient...
Calhoun, engagé comme guide, débarque donc - ou plutôt amerrit - à Loon Lake Lodge, paradis des truites argentées et des pêcheurs qui le sont tout autant. Il s'aperçoit vite que la mort de l'agent, McNulty, est un sujet tabou parmi ses nouveaux collègues et les propriétaires du lodge. Mener une enquête sans poser de questions, ça risque de ne pas être simple ! Heureusement, les événements vont quelque peu s'accélérer.
Dark Tiger me laisse une impression mitigée, notamment à cause d'une intrigue assez mince et d'un dénouement quelque peu bâclé (quant au fin mot de l'histoire, en forme de bannière étoilée...). Tapply, se sachant malade, s'est-il empressé d'achever son roman sans pouvoir autant le travailler que les précédents ?
Peut-être, mais dans ce cas, pourquoi ne pas en révéler davantage sur le passé de Calhoun ? Cela dit, si c'est pour apprendre qu'il était un tueur sans scrupules animé par un patriotisme aveugle !
Côté intrigue, donc, on n'est pas vraiment ferré. Qu'est-ce qu'il reste ?
La majesté des lacs, les rites de la pêche, un coin de nature sauvage et le dépaysement.
Le personnage de Calhoun, qui au-delà et malgré ses supers talents d'ancien soldat d'élite (ou quelque chose dans le genre), vaut surtout pour sa vulnérabilité. D'un autre côté, on ne peut pas dire qu'on tremble véritablement pour lui dans cet épisode.
Et qu'en est-il du personnage de Kate ? Moins présente, et pour cause, la majeure partie du récit se déroule sans elle. Ce qui n'est pas un mal : je trouve que les échanges entre Calhoun et sa maîtresse ont tendance à "dégouliner" d'amour juvénile, ce qui peut vite s'avérer écoeurant...
A l'inverse, il y a un personnage qui prend davantage d'importance, celui du... chien, qui d'ailleurs (je vais être méchant) a, à mon sens, autant d'épaisseur que celui de Kate.
Tout ça est-t-il suffisant ? Oui, si on a déjà lu et apprécié cet auteur. On ne mord pas forcément à l'hameçon, mais on joue le jeu, on taquine nonchalamment le goujon, tout au long des 250 pages qui se lisent avec plaisir malgré tout (j'ai même trouvé l'écriture meilleure que dans Casco Bay).
Bref, pourvu qu'on connaisse déjà le coin, on appréciera la balade.
Dark Tiger / William G. Tapply (Dark Tiger, 2009, trad. de l'américain par François Happe. Gallmeister, 2010)