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15 février 2011 2 15 /02 /février /2011 10:11

Retour de "l'inspecteur Harry" de Jo Nesbo, avec Le Léopard, huitième opus de la série. 750 pages, environ un kilo : on tient du lourd, au propre comme au figuré.


Le léopardDepuis l'affaire du Bonhomme de neige, Harry Hole s'est terré à Hong Kong où il vaque comme un mort-vivant, entre paradis artificiels, champs de courses et débiteurs aux trousses.  
C'est là que vient le dénicher l'inspectrice de la brigade criminelle d'Oslo, Kaja Solness, afin de le ramener en Norvège où un tueur en série est en train de ridiculiser la brigade criminelle.  
Comme si ça ne suffisait pas, le chef de la Kripos - une force de police parrallèle, aussi ambitieux que fin politicien, est prêt à tout pour s'accaparer l'enquête et se couvrir de gloire.


Délaissant cette fois l'arrière-plan sociétal (les crispations de la société australienne dans L'homme chauve-souris ou le passé douloureux de la Norvège pendant la guerre dans Rouge-gorge, par exemple), Nesbo semble vouloir se concentrer sur les personnages, sondant, creusant en eux avec une détermination proche de l'obsession, à commencer par Harry, dont il fouille davantage encore l'intimité, et notamment la relation avec son père.



Hole, sur lequel repose en grande partie le succès de la série. Ecorché vif, franc-tireur, handicapé affectif au caractère de cochon, à la fois impulsif et réfléchi, impavide et émotif, protecteur et vulnérable, sentimental et dur, autodestructeur et indestructible : Harry a... tout pour plaire, d'autant plus qu'il est très loin d'être aussi mauvais qu'il le dit lui-même. C' est un vrai dur et faux méchant, un type au fond du trou ("Hole") doublé d'un superhéros-malgré-lui, bref le genre de personnage entier, contradictoire - et néanmoins archétypal - qu'on adore adorer. Un stéréotype...

... parmi d'autres.
Un personnage de flic déglingué et alcoolique qu'on supplie de rempiler, un psychopathe machiavélique, une guerre des polices, une fliquette qui tombe dans les bras de son collègue... Le Léopard est une mine de clichés. Regrettable ? Pas du tout. Pourquoi ? Parce qu'ils sont surjoués, assumés, revisités ? Je ne sais pas exactement, mais toujours est-il qu'avec Nesbo on y adhère volontiers, alors qu'on les déplore chez tant d'autres. Ce qui confirme d'ailleurs que les clichés sont une matière inhérente à la fiction policière, et que tout dépend finalement du talent de l'auteur.

 

Le norvégien, lui, en a beaucoup, et il a dû aussi beaucoup travailler, à en juger par sa maîtrise impressionnante des techniques narratives (elles-mêmes rebattues, si on y réfléchit). Cliffhanger, montage alterné, multifocalisation, analepses... Une large palette et un auteur qui perfectionne son savoir-faire, ne dévoilant ni trop ni trop peu, glissant ça et là quelques indices en apparence insignifiants qui se révèlent finalement primordiaux, multipliant fausse-pistes et faux-semblants, jouant avec son lecteur, le baladant de faux coupables en fausses victimes, d'Oslo à Hong Kong en passant par le Congo.


Mais il serait faux de croire que ses romans reposent sur une simple mécanique, aussi souple soit-elle. On y trouve ce supplément d'âme, niché dans les personnages ou dans l'écriture, ce petit truc indéfinissable qui fait qu'on est à la fois pressé de tourner les pages et désireux de s'y attarder de temps en temps, pour apprécier telle description ou tel dialogue.


De la même façon, décortiquer un tant soit peu Le Léopard, très intéressant sur le plan de la technique et du recours aux clichés, n'occulte en rien le simple plaisir de la lecture, le plaisir simple d'être tenu en haleine et par le bout du nez, sur plus de 700 pages tout de même, et sans répit aucun. 

Tiens, pour la peine, je vais utiliser un poncif : un thriller mené de main de maître... 


Le Léopard / Jo Nesbo (Panserhjerte, 2009, trad. du norvégien par Alex Fouillet. Gallimard, Série Noire, 2011)



Comment ne pas dire un mot sur la nouvelle maquette de la Série Noire ? Qui modifie en profondeur sa charte graphique et abandonne même - c'est une petite révolution - le jaune et le noir, soient les deux couleurs historiques de la collection.
Peut-être auront-ils davantage de latitude dans l'élaboration et le choix de leurs couvertures. Mais cette plus grande liberté esthétique garantit-elle plus de créativité ? Et, surtout, la collection gardera-t-elle une cohérence, une identité  visuelle ? Rien n'est moins sûr.

Après, vous allez me dire, les goûts et les couleurs... Personnellement, hormis la couverture du dernier Marcus Malte, où on trouvait une certaine recherche graphique, je trouve les autres au mieux quelconques, au pire laides. Et vous ?

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commentaires

F
<br /> J'ai lu tous les Nesbo traduits en français, et je trouve que c'est le meilleur devant Le bonhomme de neige et L'étoile du diable. Celui-ci a un truc en plus. Je l'ai pour ainsi dire "bouffé"<br /> tellement j'étais pris dans le tourbillon de l'intrigue. Il est fort le Nesbo hein !?<br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> Balèze, c'est sûr. Faut juste qu'il fasse gaffe avec les serial killer, ça risque de devenir lassant sinon...<br /> <br /> <br /> <br />
H
<br /> Sur le Facebook de la Série Noire, voici ce qu'a répondu Aurélien Masson aux questions "Peut-on en savoir plus sur les motivations de la maison au sujet de ces changements ? N'avez-vous pas peur de<br /> perdre un peu les lecteurs en diversifiant ainsi la charte graphique ?"<br /> <br /> "Effectivement depuis cet automne la SN change de peau -<br /> comme disait Dylan "the times they are a changin"<br /> L'idée de ce changement n'est pas marketing ou je ne sais quoi; l'idée serait plutôt de se donner plus de liberté dans la création artistique des couvertures.<br /> Le noir et blanc, le jaune, la typo sérifa... à la longue les couvertures finissaient par se ressembler les unes aux autres et le gris parfois me rendait tristounet. L'idée des nouvelles<br /> couvertures est justement d'établir une charte élastique. Vous verrez toutes les couvertures ne se ressemblent pas...<br /> je sais qu'il y a polémique chez les amateurs de polars; que l'on regrette déjà l'ancienne couverture. Mais bon, soyons honnête, quand on a sorti la nouvelle Série Noire grand format en 2005, les<br /> critiques fusaient déjà sur les couvertures, et maintenant qu'on les change, on les regrette... Finalement, je crois que ce qu'on regrette, c'est le temps qui passe et la mort qui se profile à<br /> l'horizon.<br /> Quant à perdre les lecteurs, je fais suffisamment confiance aux lecteurs pour qui, j'espère, la SN n'est pas qu'un code couleur."<br /> Aurélien Masson<br /> <br /> On est d'accord ou pas, mais son point de vue est clair est argumenté. C'est pourquoi j'ai jugé utile pour le débat de le citer ici.<br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> Je comprends les arguments d'Aurélien Masson, mais je ne suis pas sûr que cette plus grande liberté dont il parle,  apporte plus de créativité graphique. Et<br /> puis invoquer Dylan, "le temps qui passe et la mort qui se profile à l'horizon", ça ressemble quand même à des faux-fuyants. Ben non, c'est comme en politique, malgré ce qu'on veut nous<br /> faire croire : la réforme n'est pas forcément un progrès.<br /> <br /> <br /> <br />
H
<br /> Comme ça a déjà été dit plus haut, changer, pourquoi pas, mais là...<br /> La couverture du prochain Nick Stone (1er lien ci-dessous) fait mal aux yeux et en plus elle est vraiment pas top (à mon humble avis en tout cas).<br /> Celle de Balles d’argent (Elmer Mendoza, 2e lien) est un peu mieux, mais je préférais de loin la sobriété des photos en noir et blanc. En plus il n'y a plus de cohérence visuelle entre les<br /> différentes couvertures (un des principes de base d'une collection selon moi).<br /> http://polars.pourpres.net/img/uploads/voodoo_land.jpg<br /> http://polars.pourpres.net/img/uploads/argentk.jpg<br /> <br /> Pire encore à mes yeux, c’est la collection Seuil Policier qui suit le mouvement et délaisse son format habituel (deux photos séparées par un bandeau noir sur lequel figurent titre et nom de<br /> l’auteur), que je trouve très esthétique, et souvent réussi. Pour nous mettre quoi à la place ?Des couvertures sans identité, complètement banales, voire franchement laides, comme celle du prochain<br /> Thomas H. Cook.<br /> http://polars.pourpres.net/img/uploads/les_lecons_du_mal.jpg<br /> Le prochain Charlie Huston, un peu mieux.<br /> http://www.babelio.com/couv/23_1046326.jpeg<br /> <br /> Je ne sais pas ce qui se passe en ce moment pour qu'on mérite ça... Apparemment ça serait pour vendre plus... Ah bon, plus une couverture est moche et banale plus le livre se vend ?<br /> Permettez-moi de ne pas en être sûr...<br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> Salut,<br /> J'ai vu les prochaines couv., et je ne suis pas vraiment convaincu non plus. J'ai vu aussi pour Seuil policiers, et sans être un fan absolu des anciennes couv., je les préfère nettement aux<br /> nouvelles, même si je trouve celle du Huston intéressante. Mais, bon, ce carré blanc en bas, là...<br /> Pas vraiment de réponse à ta question, l'avenir nous le dira peut-être. Si d'ici un an ou deux, les éditeurs renouvellent leur graphisme... Sinon, faudra croire que ça se vend au mois aussi bien,<br /> sinon mieux.<br /> <br /> <br /> <br />
H
<br /> yep<br /> mais j'ai toujours aimé les volcans<br /> <br /> <br />
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H
<br /> pareil je l'ai lu en blanc<br /> avec des fautes....comme moi<br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> ça évite de voir la couverture...<br /> <br /> <br /> <br />

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