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7 juin 2011 2 07 /06 /juin /2011 00:00

Sunny Pascal, détective/garde-chiourme pour vedettes de cinéma, est engagé sur le tournage de La nuit de l'iguane de John Huston, afin de surveiller les alentours et d'éloigner les ennuis que ne manquent pas de provoquer une brochette d'acteurs névrosés, égocentriques et dédaigneux. J'ai nommé Ava Gardner, Deborah Kerr, Sue "Lolita" Lyon, ainsi que le couple mythique Richard Burton/ Liz Taylor, dont la love story mouvementée attire des nuées de paparazzi. 

Martini shootDans la chaleur tropicale de Puerto Vallarta, un village de pêcheurs situé sur la côté occidentale du Mexique et réquisitionné pour l'occasion, la tension et l'animosité entre les acteurs sont si fortes que John Huston a offert à chacun d'eux un pistolet en or et cinq balles d'argent gravées à leur nom (l'anecdote est avérée). L'ennui, c'est qu'une des balles est retrouvée dans un type tout ce qu'il y a de plus mort, forçant ainsi Sunny à descendre de son tabouret de bar.


Sous l'égide de Chandler et Taibo II (références un brin écrasantes, citées dans sa postface), Haghenbeck livre un roman noir à l'ancienne, d'où émerge le personnage de Sunny, paradigme du détective hard-boiled : à la fois désabusé et caustique, notre homme passe son temps à boire, à se faire casser la figure et fourrer son nez partout, naviguant entre femmes fatales et types louches, rançons et traquenards, projectiles et réparties, le tout copieusement arrosé d'alcool...

Mais au-delà du jeu des clichés, la partie la plus intéressante du roman réside dans le double jeu d'apparences - et d'artifices - qu'il met en scène : le vernis glamour des icônes hollywoodiennes craquelle peu à peu, laisant entrevoir des personnalités peu reluisantes, tandis que les décors du film dissimulent tant bien que mal les manoeuvres souterraines visant à transformer un petit coin de paradis en pompe à fric touristique*.
  
Cependant, l'auteur s'en tient à l'esquisse, et laisse le roman reposer essentiellement sur son imagerie et son ambiance, plutôt que sur l'intrigue, quasi-inexistante. Du coup certains resteront peut-être sur leur faim, et se consoleront en étanchant leur soif, chaque chapitre s'ouvrant sur une recette de cocktail, du Side-car au Mojito en passant par le Mai tai.
Rond et gouleyant, en somme. A vos shakers !




Martini shoot / F.G. Haghenbeck (Martini shoot, 2010, trad. de l'espagnol (Mexique) par Juliette Ponce, Denöel & d'ailleurs, 2011)

* suite au tournage (le film est sorti en 1964), les cabanes de pêcheurs ont fait place aux hôtels et aux buildings, et Puerto Vallarta est devenue une station balnéaire très courue des yankees.

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commentaires

T
<br /> Je suis en plein dedans, je repasse lire ta critique et te redonner mon impression dès que j'ai terminé mon cocktail.<br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> Salut Travis, j'attends donc tes impressions. @+<br /> <br /> <br /> <br />

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