J'ai déjà eu l'occasion de vous dire du bien de Sébastien Gendron et de son Tri sélectif des ordures, un petit bijou de loufoquerie. Plus déjanté encore, c'est possible, et ça s'appelle Taxi, Take off & Landing. Attachez votre ceinture, rangez votre tablette et relevez votre dossier, le vol risque d'être perturbé.
Hector Malbarr est en train d'admirer le parquet en bois marqueté du VIP Lounge de l'aéroport de Copenhague, quand arrive sur lui une vraie "bombe thermonucléaire", "prodigieusement décolletée, outrageusement culottée, pornographiquement roulée".
Impossible de résister, malgré le signal d'alarme "danger" qui se met à clignoter. Oubliée l'insignifiante Glenda avec laquelle il s'apprêtait à convoler, Hector est prêt à suivre la plantureuse Angie jusqu'au bout du monde.
C'est justement là qu'ils vont : une île perdue des Caraïbes, où il fait connaissance avec une jeune femme de chambre pas farouche pour deux sous, un majordome doublemétrique en "costume short blanc" et l'hôte de ces lieux, un pastiche du Docteur No qui pense avoir kidnappé le fils de son ennemi juré, un célèbre agent secret de sa Majesté.
S'ensuivent moult péripéties, carabistouilles et mésaventures, un beau merdier pour ce nigaud d'Hector qui ne comprend pas la moitié du quart de ce qui lui tombe dessus, à commencer par ce drôle de nom dont on l'affuble : Jean Bond. "François Perrin" lui sierait mieux, soit dit en passant.
Tout va aller de mal en pis, de baffes en situations désespérées, jusqu'au spectacle pyrotechnique final, sobrement intitulé :"L'attaque des Ninjas- noirs contre Ramirez-le-terrible et ses Pue-la-sueur" !
Un peu de légèreté dans un monde de...
Vous l'avez compris, on est en plein délire, alors laissez-vous aller et profitez à plein de ce petit polar parodique et pétaradant truffé de références. Des scènes d'action dignes du Magnifique (rappelez-vous, Belmondo...), un méchant dont on entend d'ici le rire sardonique, une ambiance de série B qui lorgnerait vers le Z, avec rebondissements invraisemblables et effets spéciaux en carton-pâte.
Mais qu'est-ce qu'on se marre ! Surtout que l'auteur en remet une couche à chaque fois, qu'il a le verbe facile et quelques bons mots en stock. Le sens de l'équilibre aussi : il en faut dans cet exercice risqué du pastiche, ce fil tendu entre le "trop" et le "trop peu". Gendron a trouvé le ton et la mesure, et nous emmène jusqu'au bout sans qu'on se lasse de ses hénaurrrrrmes blagues !
Profitez-en aussi pour jeter un oeil sur le blog créé pour l'occasion. On reste dans la déconnade, bien-sûr, avec par exemple un fascinant making-off sur l'exigeant et mystérieux travail de l'écrivain (sic), ou la bande-annonce du livre, qui ferait passer les films de Steven Seagal pour du Woody Allen...
Maintenant, passez donc au bouquin, et amusez-vous bien !
Taxi, Take off & Landing / Sébastien Gendron (Baleine, 2010)