Après Suite(s) impériale(s) et son ambiance un peu vaporeuse, abstraite, j'ai eu envie de revenir à du solide, disons de retrouver le plancher des vaches, ou celui des kangourous en l'occurrence, puisque qu'on parle de l'australien Peter Corris et de son détective Cliff Hardy, un privé-un vrai-un dur à cuire dans la plus pure tradition du roman noir.
Bonne nouvelle, d'autant plus que ça fait un moment qu'on n'avait plus de nouvelles du personnage (18 ans, j'ai vérifié), enfin pour les misérables unilingues comme moi... Car en Australie, la série se poursuit et compte désormais une quarantaine de titres. Huit ont été traduits en France, pourvu que les éditions Rivages poursuivent sur leur lancée !
S'il avait su où allait le mener cette simple histoire de véhicules volés, Cliff Hardy aurait-il accepté de rendre service à son pote Terry Reeves, qui tient une agence de location de voitures ?
Toujours est-il que Terry est pris à la gorge. Encore 1 ou 2 bagnoles qui disparaissent et c'est la clé sous la porte. Les types ont l'air organisés : potiches, faux papiers, noms d'emprunts... En visionnant les vidéos de surveillance, Cliff reconnaît l'un d'eux : Bill Mountain, un scénariste à succès alcoolo avec qui il a déjà bu quelques verres et eu quelques mots.
Voilà comment Cliff se lance à la recherche d'un écrivain raté qui s'est mis en tête de vivre tout un tas d'expériences - pas franchement licites - pour soigner son mal d'inspiration ! Seulement l'homme est insaississable, ce qui vaut peut-être mieux pour lui vu que pas mal de monde le cherche, et pas pour le chatouiller.
Evidemment, Hardy va en voir des vertes et des pas mûres, donner le coup de poing et en recevoir, se frotter au beau linge comme à des gros bras sans cervelle. L'ennui, c'est qu'il a souvent un wagon de retard ou du mal à l'esquiver, mais le bonhomme est coriace, comme je vous disais. La peau dure et toujours un bon mot à la bouche.
Ingrédients, dosages, temps de cuisson... Peter Corris connaît sa recette sur le bout des doigts, et ça marche à chaque fois : du rythme, des rebondissements, pas mal de contusions et des répliques qu'on a envie de recopier illico !
Rien de bouleversant ni d'exceptionnel, ok, mais vous passerez un bon moment, à tourner les pages sans vous en rendre compte et à vous marrer, en croisant au passage quelques énergumènes, comme cet agent littéraire ou cette vieille fille chez qui pour rien au monde on irait prendre le thé !
Jean-Marc devrait achever de vous convaincre.
Signé Mountain / Peter Corris (Deal me out, 1986, trad. de l'anglais (Australie) par Catherine Cheval. Rivages/Noir, 2010)