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7 mai 2008 3 07 /05 /mai /2008 00:00

No se puede negociar con la muerte, pero sí se puede hacer negocio con ella : « On ne peut négocier avec la mort, mais il est possible de faire du négoce grâce à elle. »

 

Un proverbe mexicain qui illustre à merveille ce court polar de Bernardo Fernandez, un jeune auteur encensé par Paco Ignacio taibo II himself, qui voit dans Une saison de scorpions "un concentré de Barry Gifford et de Sam Peckinpah". Et il est vrai que ce livre n'est pas sans rappeler le film Apportez-moi la tête d'Alfredo Garcia, avec cette alliance surprenante d'hyperviolence et de burlesque, le tout raconté sur un ton badin ; quand la mort brutale soulève, tout au plus, une vague désapprobation...


Alberto Ramirez Montelongo, dit El Guero (le Scorpion), commence sérieusement à se ramollir : pour avoir refusé d'honorer son dernier contrat, attendri par ce bon père de famille, c'est à son tour d'être pourchassé par les sbires de son ancien employeur... Ce n'est pourtant pas faute de s'être préparé convenablement :
"Nous autres chasseurs aimons beaucoup les rites. Certains se mettent à poil avant de pénétrer dans la forêt, couteau à la main, pour tuer le cerf.(...) D'autres encore se frottent entièrement le corps avec la graisse de l'animal qu'ils vont tuer ; il y a aussi ceux qui s'immergent dans un cours d'eau glacée pendant plusieurs jours. Moi, je démonte mon arme et je la graisse avec le plus grand soin avant de tirer deux balles sur ma proie." Autant aller à l'essentiel, non ?!

On finit ce livre à moitié essouflé, ravi aussi par cette farce morbide, impitoyable(ment drôle) où l'on croise pêle-mêle : narcotraficants, braqueurs de banques, policiers corrompus, tueurs à gages (Laurel & Hardy revus et corrigés par Tarantino !), une Impala 1970 avec des flammes peintes sur les côtés, une tenancière de bordel, un indic, un général mort...
 
Décalé, truculent, caustique, Une saison de scorpions est un polar réjouissant, où le cocasse le dispute à l'absurde, dans une valse de quiproquos et de personnages haut-en-couleur.

Derrière le "grandguignolesque", on peut aussi percevoir la critique acerbe d'un écrivain qui utilise la farce pour dénoncer la corruption et le trafic, devenus monnaie courante au Mexique où, décidément, la vie et la mort sont si étroitement mêlés.

Un conseil : à déguster bien frais par une après-midi qui s'étire, alanguie sous un soleil de plomb.


Une saison de scorpions / Bernardo Fernandez (trad. de l'espagnol (Mexique) par Claude de Frayssinet. Moisson rouge, 2008)

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commentaires

J
Décidément, Moisson rouge fait très fort. Je viens de terminer Le crépuscule des stars. J'ai été complètement emballé.
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J
Et je précise : sortie le 15 mai...<br /> Ravie que vous ayez aimé, on s'est régalé aussi.<br /> Amitiés.<br /> JV, éditrice de MR
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