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23 novembre 2008 7 23 /11 /novembre /2008 00:00

Séance de rattrapage pour ce polar paru le mois dernier, 7ème enquête du privé norvégien Varg Veum.

Les amateurs de Staalesen peuvent aller de ce pas cueillir ces Fleurs amères sans passer par la case Moisson Noire (je ne leur en voudrais pas !), ce nouvel opus étant du même tonneau (d'aquavit) que les précédents.


Ah si, il y a tout de même un petit bonus sympathique : le livre est accompagné d'un CD, comprenant les morceaux de jazz préférés de Veum (eh oui, encore un détective amateur de jazz !, mais ses standards manquent un peu de "jus" je trouve, comme l'extrait que vous êtes en train d'écouter...) ainsi qu'une interview de l'auteur, très intéressante.

Il évoque - en français SVP - l'influence des américains sur son travail, le ressort criminel chez Ibsen, sa relation à la France, ainsi que son personnage :

"Mon héros (...) a pour modèles les américains Philip Marlowe et Lew Archer, mais en même temps il est norvégien et appartient à la démocratie sociale, de sa coupe de cheveux à ses confortables chaussures. Sa profession d'origine est assistant social chargé de la protection des enfants. Il est divorcé mais ne manque pas d'esprit solitaire et combatif [!] ; et dans le tiroir de son bureau, tout en bas à gauche, dans son agence de détective privé à deux pas du port de Bergen, il y a non pas une bouteille de whisky mais l'alcool norvégien qu'on tire des pommes de terre, l'aquavit..."

 


Les polars de Staalesen reposent  d'ailleurs beaucoup sur le sympathique Varg, un loup solitaire (Varg signifie loup), un proscrit, bien qu'un peu "tendre" d'après moi pour soutenir la comparaison avec les personnages de Chandler et de Ross McDonald.

 

Sinon, quoi de neuf sous le pâle soleil de Bergen ? Eh bien, Varg sort justement de désintox tandis que Staalesen continue de sonder la société norvégienne, en abordant cette fois la question écologique (avec un bon train d'avance, ce roman ayant été écrit au début des années 90).

Staalesen affectionne les puzzles : les pièces, qui semblent d'abord ne pas sortir de la même boîte, s'emboitent finalement les unes dans les autres (en forçant un peu, parfois...). Vous voyez le tableau ? Il est sombre la plupart du temps.


Là, nous avons donc : une usine chimique qui déverse ses déchets aux quatre vents, une fillette disparue mystérieusement huit ans plus tôt, des militants écologistes, la vénérable famille Schroder-Olsen et un cadavre dans une piscine comme dénominateur commun.

Avec ce promeneur et fouineur patenté de Varg,  on avance à pas (trop ?) lents dans l'intrigue comme dans les rues de Bergen - 2ème ville Norvège, située sur la côte ouest -, s'arrêtant régulièrement pour constater à quel point la ville, et le pays tout entier, ont changé. Pas forcément en bien.

La modernisation de la société norvégienne, l'industrialisation et la productivité, n'ont pas apporté que des bienfaits, mais aussi un individualisme latent, le reniement des principes et l'appât du gain.

 

Un autre thème dominant chez cet auteur, ce sont les relations entre individus, et notamment le terrain si fertile de la famille. Chez Staalesen, elle est minée par les non-dits et les secrets honteux qu'elle tente de dissimuler derrière le jeu des apparences.

 


Fleurs amères,
à travers une intrigue bien construite, exprime bien la complexité de la société norvégienne, ses paradoxes et ses contractions.

Et s'il s'agit bien d'un roman noir, Staalesen s'offre cependant un dénouement (un peu "tiré par les cheveux" quand même...) à la Hercule Poirot !, Veum réunissant tout son petit monde dans un salon cossu pour livrer ses conclusions et démasquer l'assassin.


Fleurs amères / Gunnar Staalesen (Bitre blomster, trad. du norvégien par Alexis Fouillet. Gaïa, 2008)

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commentaires

C
Je partage un peu ton avis en ce qui concerne ce denier opus de la série "Varg Veum". C'est loin d'être mauvais mais on ne retrouve que très peu le souffle des meilleurs: j'ai conseillé d'ailleurs sur mon blog de lire les anges déchus. C'est très au dessus...
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J
<br /> Ok, je note pour Les anges déchus, je ne l'ai pas lu celui-là. @+<br /> <br /> <br />
J
oui je vois ce que tu veux dire, je souffle un peu le chaud et le froid ! <br /> En fait, j'ai globalement apprécié ce polar, comme les quelques autres que j'ai lus du même auteur, mais certaines longueurs continuent à m'agacer. Je préfère les romans un peu plus "nerveux" D'ailleurs, c'est peut-être plus généralement le polar nordique que je trouve trop lent. <br /> Et puis aussi je ne suis pas complètement convaincu par le dénouement, où tout s'agence un peu "à la truelle", mais d'autres lecteurs n'auront peut-être pas la même impression... <br /> J'espère avoir été plus clair, en tout cas ! @+
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M
Par moment j'ai l'impression que tu as apprécié, d'autres non ???
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