A mon père, John Fante -
Merci, fils de pute sublime.
(en exergue de Régime sec)
Pas toujours facile de suivre les traces de son père, surtout quand celui-ci est un écrivain culte qui a pour nom John Fante. Demande à la poussière, Bandini, Mon chien stupide... Des romans à l'humour féroce, bouleversants et pleins de vie qui vous marquent au fer rouge.
Alors forcément, quand vous apprenez que son rejeton s'est aussi planté devant la machine à écrire, vous n'avez qu'une envie, c'est d'aller voir de quoi il retourne. Eh bien, Fante junior n'a pas à rougir de la comparaison, il n'y a qu'à lire Les anges n'ont rien dans les poches ou En crachant du haut des buildings pour s'en rendre compte.
C'est un peu plus trash, un peu moins drôle et émouvant que chez le papa, mais on retrouve cette prose limpide, cet alliage étonnant de grâce, de pathétique et d'autodérision, et le même univers (autofictif) : la déglingue, la picole, les petits boulots, les éternels refus des éditeurs, les amours déchues, et plus largement le monde des laissés-pour-compte ou des réfractaires de l'american way of life.
On avait laissé Dan Fante La tête hors de l'eau, en 2001. Aujourd'hui, et à travers son alter ego romanesque - Bruno Dante -, il se rappelle à notre bon souvenir avec ces quelques nouvelles tirées de son expérience, à l'époque où il conduisait un taxi à Los Angeles.
Ecumant les rues de La cité des Anges au volant de son tacot, Bruno se coltine quelques déjanté(e)s, de la femme en pleine crise de nerfs qui s'épanche sur son épaule au type qui nourrit son python d'animaux domestiques, en passant par le portier de l'hôtel qui se fait tabasser par sa femme.
Des histoires d'inspiration tarie et de gosier sec, de folie douce et de rémission passagère, de gueules de bois matinales, de programmes de désintox' et d'écriture salvatrice...
Des récits moins corsés que ses romans (c'est dire...) mais qui exhalent le même parfum de dèche et de rage de vivre, sans une once d'auto-apitoiement.
Que dire de plus ?
Si vous n'avez jamais lu Dan Fante, commencez plutôt par ses romans (Les anges n'ont rien dans les poches est malheureusement épuisé, tentez votre chance à la médiathèque), mais vous pouvez tout aussi bien inverser la posologie, selon que vous préférez y aller crescendo ou non.
Et si vous ne connaissez pas Fante père, alors laissez tomber ce que vous êtes en train de lire et procurez-vous illico un de ses livres ! N'importe lequel fera l'affaire.
Attention : risque probable d'addiction !
Régime sec / Dan Fante (Short Dog, trad. de l'américain par Léon Marcadet. 13e Note, 2009)