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16 janvier 2011 7 16 /01 /janvier /2011 00:00

Si Louis Sanders ne quitte pas le Périgord - terreau de son inspiration -, il délaisse cette fois le microcosme des anglais installés en Dordogne (après Février, Comme des hommes, Passe-temps pour les âmes ignobles...) pour celui des pompiers.


La lecture du feuIls sont une vingtaine à la caserne de Saint-Romain. Feux de cheminée, accidents de la route, suicidés, p'tits vieux seuls et misérables... : les pompiers en voient de toutes les couleurs, respirent l'odeur du sang, de la merde, de la crasse.

Des hommes qui parfois ont du mal à s'endormir le soir, qui, pour exorciser certaines images, racontent cent fois la même scène à leurs collègues.


Se retrouver en haut de la grande échelle ou suspendu en l'air au milieu d'un pont n'a rien de rassurant, mais il faut en passer par là quand on veut devenir pompier. C'est le rêve de Blondel, la quarantaine passée et une vision romantique du métier.

On fait ensuite la connaisssance de : Bogdanovitch, qui se prend subitement de passion pour la chanteuse Dolly Parton et dont la voix comble un vide en lui ; Jaubert, ému par le sort d'un vieil homme désorienté et qui l'héberge ; Kaplan, qui ne veut pas finir comme ce bonhomme crevant seul, avec son chien ; Peyronnie, le seul à s'en prendre à Milou, l'idiot du village, sans que personne ne comprenne bien pourquoi ; et puis les frères Carvalho, Sanchez, le Machin, Fayol, Cazeau, Lescure... 


... Lescure qui ressasse le comportement bizarre de ses camarades pendant une intervention sur un suicide. Les tensions naissent, la suspicion s'installe, l'incendie couve.
Si on ajoute à cela que les habitants ont la fâcheuse tendance de s'enfoncer des couteaux de bouchers dans la poitrine...




Si l'auteur nous fait suivre le quotidien des soldats du feu - les bips qui sonnent, les gardes, les procédures, les moments de détente à la tisanerie... -, on pénètre aussi leur intimité. Si l'esprit de corps est là, chacun des hommes vit cependant avec ses propres angoisses, effrayé par ses propres désirs, s'interrogeant sur son identité, empêtré dans sa propre solitude, sa peur et ses secrets plus ou moins avouables.

Suscitant sinon l'angoisse, du moins l'appréhension, La lecture du feu vaut moins par l'intrigue (malgré un beau final en cascades) que par la chronique acide d'une micro-société et sa galerie de portraits. Quand les sauveurs eux-mêmes sont en détresse, qui donc leur vient en aide ?
 
 

La lecture du feu / Louis Sanders (Rivages/Noir, 2011)

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commentaires

F
<br /> J'ai adoré, une vraie révélation pour moi ! Prenant, drôle, glaçant... Je ne trouve pas de défaut à ce livre, il m'épate ! Quelle galerie de portraits plus vrais que nature, on s'y croirait.<br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> Ah, content de trouver un écho pour Louis Sanders !, et complètement d'accord avec toi. A moins que ce ne soit déjà fait, tu n'as plus qu'à dégotter ses<br /> premiers, très bons aussi, tu verras. @+<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> Et pour les bordelais, Louis Sanders sera à Entre-deux-noirs le 9 février, polar et vin au programme, réservez votre soirée...<br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> Polar et vin, que demander de mieux !<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> Je sais ce qu'il me reste à faire avant ça: dédicace de Louis Sanders à Clermont Ferrand dans les cadre des 48h du polar (désolé, je n'arrive pas à copier le lien...)<br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> Elle m'a tout l'air intéressante cette manifestation.<br /> Je mets le lien : http://www.48h-du-polar.fr/29-janvier-dedicace-de-louis-sanders-3/<br /> @+<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> Jamais lu mais ton billet est tentant.<br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> Laisse-toi donc tenter...<br /> @+ Alain.<br /> <br /> <br /> <br />

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